Ayant goûté, depuis bientôt un an, au télétravail et au chômage partiel, j'ai testé beaucoup de choses pour réussir à avoir un cadre de travail qui me permette de garder la concentration nécessaire jour après jour. Les conseils qui vont suivres ne sont évidemment pas à suivre au pied de la lettre, chacun ayant des besoins finaux différents, mais les observations qui m'y ont mené sont, elles, sans doute un peu plus universelles.
Passer d'un emploi à temps plein en entreprise à un temps plein chez soi a de quoi dérouter. Soit on déteste, soit on adore... en tout cas au début. Car être dans un cadre familier que l'on aime, ne veut pas forcément dire que l'on va s'y plaire pour exercer son activité professionnelle. Et si l'on ne prend pas les mesures nécessaires, on peut vite risquer un burnout causé par un mélange de routine, de mauvaises habitudes, et de sentiment d'être seul au monde.
C'est bien entendu la chose la plus importante. Au premier confinement, je me suis dit que mon emploi de dev pouvait glisser un peu plus tard dans la journée, en la commencant par exemple 30-40 minutes plus tard, et en finissant donc plus tard. Pas de contact direct avec les clients, pas de problème. Mais je me suis vite rendu compte que ce comportement ça pouvait mener à des dérives pernicieuses. A reculer le début de la journée, on peut aussi être tenté d'allonger sa pause repas, puis sa pause café, et laisser ainsi installer sans s'en rendre compte une sorte de système qui court-circuite le cadre de journée acquis en entreprise.
Se lever à la même heure que d'habitude permet de garder son rythme de sommeil. Car trop dormir ou pas assez fait qu'on peut sentir survenir le fameux coup-de-barre du début d'après-midi, et donc déconcentration, etc.. De plus, se lever à la même heure, signifie que, sans les transports, on aura un peu de temps pour soi avant de commencer sa journée. Personnellement, j'en profite pour méditer, aller marcher un peu, ou faire ma veille techno par exemple. Certains choisissent de consacrer ce temps libre à leurs projets personnels, où même à débuter leur journée de travail en avance, pour profiter de leur esprit frais et clair. De la même manière, finir sa journée à la même heure que d'habitude va permettre d'apprécier sa soirée. Car là aussi, sans les transports, cela apporte un temps supplémentaire pour soi non négligeable.
Je dois dire que ce passage en chômage partiel a provoqué une grosse remise en question: si j'aime le dev, pourquoi est-ce que j'ai perdu ce goût en dehors du boulot ? Après ces quelques jours de réflexion sur le sujet, j'ai réalisé que cela se limitait malgré moi dans le cadre du boulot. Mis à part les périodes où j'avais une idée de truc à développer pour mon usage personnel, je ne codait plus vraiment en loisir. Pourtant c'est dans ces moments là qu'on apprend le plus, j'ai pu le confirmer. Et en mettant en place ce que vous êtes en train de lire, j'ai pu retrouver ce goût du code au quotidien.
Alors à fin de ne pas sombrer dans le binge-watching facile durant les jours non travaillés (j'y ai succombé au début, on ne va pas se mentir, et il faut quand même savoir se faire plaisir), j'ai décidé de cadrer mes journées chômées et de garder le même rythme. Pour ça j'ai fait un planning quotidien, ce qui me permettait d'avoir un cadre précis pour les jours où je ne suis pas en poste.
Voilà à quoi je suis arrivé :
Comme indiqué plus haut, je commence toujours la journée par une session de veille. Je n'avais jamais vraiment instauré ça depuis que je suis développeur (cela fait pourtant plus de 5 ans !). Et en me balladant sut des blogs tech, cette routine revenait pratiquement tout le temps. Se tenir au courant des nouvelles technos, de l'évolution des siennes, lire les avis d'experts sur des sujets précis, tout cela va bien évidemment de pair avec notre boulot. Car coder en entreprise ne suffit pas à devenir un expert. Sortir de sa zone de confort, si.
J'ai aussi pas mal de sessions de code, évidemment. Cela se décompose en plusieurs catégories, selon ce qui vous attire le plus :
Point intéressant : pour ceux qui ont un statut d'autoentrepreneur à côté de leur CDI, le chômage partiel est une opportunité en or pour caser des missions de freelance ! La loi y autorise, dans le cadre ou l'activité n'entre pas en concurrence avec celle de votre employeur.
Entre deux sessions de code, j'ai pris l'habitude de faire une pause de 30mn. D'une, par besoin de reposer les yeux (je suis migraineux), mais aussi pour se vider la tête en faisant autre chose (jouer d'un instrument de musique, regarder dehors en buvant un café, passer un appel téléphonique,...), afin de repartir fraîchement pour une nouvelle session de code.
Je précise que ces sessions d'1h30 entrecoupées d'une pause de 30mn me correspondent, mais ne s'adapteront pas forcément avec vos besoins personnels. Peut-être que votre concentration reste intacte pendant 4 heures, et dans ce cas autant en profiter pour faire des sessions de code plus longues. Ici, chacun voit midi à sa porte. L'idée générale est plutôt de voir à quel moment notre concentration se dégrade, et d'en définir une durée moyenne.
Bien évidemment, si au moment où je suis sensé prendre ma pause je vois que je suis extrèmement concentré dans ma tâche, je reporte ma pause afin de garder mon élan. Ce n'est donc pas une règle écrite dans la pierre.
Covid, confinement, remote complet, tout ça donne une belle somme qui fait que l'on voit forcément moins de gens. On passe plus de temps chez soi, et on fait donc moins d'exercice au quotidien. Se lever, pour aller au salon prendre son petit-déjeuner, puis s'habiller et ensuite aller dans son bureau pour allumer son ordinateur, ça réduit effroyablement le nombre de pas quotidiens que l'ont fait habituellement. Et très rapidement, j'ai eu cette sensation de fatigue, d'être pataud, une sorte de lassitude du "métro-boulot-dodo" alors que je ne prenais meme plus les transports ! Et le fait de mettre en place mon planning cité plus haut, m'a poussé à recadrer une activité physique quotidienne, même si mon cerveau n'en ressentait pas l'envie. Sauf que l'envie est une chose différente du besoin. Et contrairement à mon cerveau, mon corps, lui, me lancait des alarmes pour me dire qu'il avait besoin d'activité physique. Je l'ai donc écouté.
Et pour être clair, c'est le jour et la nuit. Avec une heure de marche quotidienne 3j/semaine, et 40mn de course 2j/semaine, je dors mieux, je suis plus en forme, et la cerise sur le gâteau: la fréquence de mes migraines a profondément été réduite. D'une grosse migraine par mois (qui peut durer de 6h à presque un jour et demi), je suis passé à une petite migraine en 6 mois (d'une durée de quelques heures).
Tout ça couplé à une bonne hydratation (que je ne faisais pas avant), je sens la différence. Et étant à la maison, j'en profite aussi pour manger de la vraie cuisine le midi. Pas de plats hyper compliqués, mais avec des ingrédient frais (bon ok, de temps en temps il y a une pizza qui vient se faire bronzer dans le four, on ne va pas se le cacher 😁).
Allant de pair avec la veille technologique, je suis tombé sur un bon nombre de livres intéressants à lire quand on est développeur (mais qui peuvent aussi, pour certains, s'accorder avec d'autres corps de métier). J'ai casé ce moment juste avant d'aller courir car ça permet de rester concentré avant l'effort physique qui suit, mais aussi de réfléchir pendant.
Voici quelques ouvrages que j'ai pu noter ça et là (la fameuse liste "à lire" que l'on a tous de côté). Certains sont en cours, d'autres sont à faire. Mais la communauté s'accord à dire que ce sont des valeurs sûres : Deep Work (Cal Newport), Clean Code, (Robert C. Martin), Code Complete (Steve McCornell), Refactoring (Martin Fowler), So good they can't ignore you (Cal Newport), The 4 disciplines of Execution (Chris McChesney).
Dans la même "catégorie" que la lecture, j'écoute aussi quelques podcasts sur l'univers du développement durant les moments d'activité physique. Les quatre que j'aimerai citer sont (liens Spotify) :
J'ai envie de faire une pause pour vous partager aussi d'autres podcasts que j'écoute, pour la plupart, depuis un bon paquet d'années maintenant. En vrac comme ça;
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Pour en terminer avec ce point, et j'ai un peu de mal à l'admettre, j'ai beaucoup plus appris grâce à cette routine depuis ces 6 derniers mois que depuis les trois dernières années. Je dis que j'ai du mal à l'admettre car je ne peux m'empêcher de me dire que j'aurai peut-être engrangé encore plus de connaissances si j'avais compris ça avant. Mais en même temps, ce côté incrontrôlable et imprévu est l'essence même de l'épiphanie.
La partie qui m'a demandé le plus d'analyse.
Plutôt simple en soi, il est important d'avoir un espace dédié au travail. Si l'on a pas le luxe de s'attribuer une pièce pour en faire un bureau, la table du salon est une alternative. L'important est d'avoir une bonne position assise. Car à la maison, il est vite tentant d'aller se poser dans son canapé, le portable sur les cuisses... D'ailleurs il faut éviter si possible une pièce avec la télévision (l'instrument du malin).
C'est également important d'avoir un espace de travail épuré de tout élément de distraction. Pour ma part, au delà des périphériques de mon pc, j'ai à portée de main : une bouteille d'eau, un bloc-notes, un crayon, des livres de dev, un Rubik's Cube, une plante verte. Etant assez ordonné, j'ai l'habitude de toujours avoir un espace de travail propre et bien rangé, avec chaque chose essentielle à disposition. Bon, niveau "pas enssentiel", il y a ma guitare pas loin mais il faut que je me lève (et on le sait, le développeur en fainéant 😛). Tout le reste est rangé bien comme il faut. Le mur en face de moi est monochrome, et, sur ma droite, placardés, se trouvent mon planning, des posts-its, et quelques photos. Je me suis volontairement intallé avec la fenêtre hors du champs de vision, afin de ne pas être tenté d'avoir le regard flottant sur le moindre oiseau ou la moindre voiture passant dehors.
Dans le même ordre d'idée, j'ai réduit les types de notifications de mon téléphone. Exit les mails et tout ce qui n'est pas urgent. Les notifications sonores sont réservées aux appels et messages. Et quand j'ai besoin de ne pas être dérangé, je passe le téléphone dans ce mode (tout en laissant passer les contacts qui essaient deux fois de suite de m'appeler (= appels urgents)).
L'épuration de l'environnement de travail passe aussi par l'ordinateur en lui-même :
Avec la vue, vient aussi l'ouïe. Et en étant à domicile, beaucoup de variables entrent en jeu à ce niveau (voisins, travaux de voirie, membres de la famille,...). Il faut donc se créer une bulle auditive. Pendant pas mal de temps j'ai pensé qu'écouter de la musique en tout genre pouvait m'aider à mieux me concentrer. Monumentale erreur. Ecouter de la musique, oui, mais pas n'importe quoi. Déjà, je me suis rendu compte que sans paroles, c'est beaucoup plus simple pour réussir à se concentrer. Ensuite, après avoir écumé les playlists "coding", je me suis lassé des sonorités electro 80s qui tiennent, à mon sens, plus du cliché qu'autre chose. Résultat, voilà ce qui fonctionne pour moi :
Voilà l'analyse personnelle que j'ai pu faire depuis le premier confinement. Tout ne s'est pas fait en un jour, et je suis toujours en train de tester de nouvelles choses afin d'émliorer mon confort et ma concentration lors de mes phases de code. Mais je suis très satisfait de cette auto-analyse. J'espère que ces pensées vous ont aidé à réfléchir aussi sur vous-même.
Et que ce soit pour partager des podcasts, des livres, ou toute autre chose, n'hésitez pas à laisser tout ça en commentaire !
Merci pour votre temps de lecture, bonne année 2021, et à bientôt !